La Gazette du Militant: Jean-François Copé avait estimé que s'il y avait «émoi», il venait de «la gauche bien pensante qui, comme d'habitude, donne des leçons sans jamais voir ce qui se passe sur le terrain». Et de justifier ses propos en expliquant qu'il y avait «derrière ce type de comportements une volonté d'instrumentaliser les religions». Comme Jean-François Copé, estimez-vous que cela « profite » à la Gauche ?
Mahmoud Tall: Oui, c'est une société de nouveaux tabous qui se met en place. Nous politique de droite, nous ne pouvons plus dire un Noir, un Arabe, un Blanc... sans être taxé de raciste et de xénophobe... Je schématise un peu mais c'est mon sentiment de ce qui se passe au quotidien dans nos relations humaines.
A partir du moment où vous avez une opinion qui diffère,
vous vous taisez au nom de la bienséance... Mais ça ne change absolument pas
les vrais problèmes.
Ce n'est pas ma conception de la démocratie. Nous devons
rester une société de débats.
On voit très bien comment les séances de questions au
Gouvernement de l'Assemblée nationale se déroulent. Il y a peu de réponses
directes aux questions posées par l'opposition, et certaines interrogations
n'ont tout simplement pas de réponse...
La Gazette du Militant: Me khadija Aoudia estime que Jean-François Copé a tenu « des
propos stigmatisants » et qui «portent nécessairement atteinte à l'honneur
et à la dignité de la communauté musulmane». Que cela vous évoque-t-il ?
Peut-on parler d’islamophobie ?
Mahmoud Tall: Si le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) se sent lésé par ces propos , c'est son
droit le plus stricte de demander justice.Jean François Copé, le Président actuel de notre Mouvement a
voulu dénoncé les extrémismes par ces propos. Et je ne pense pas qu'il soit et
qu'il est question d'islamophobie (une loi contre le port de la burqua n'aurait
pas été validée...), mais de dénoncer des dérives sectaires. En l'état, il
s'agit de la communauté musulmane. Mais
il ne faut pas que les propos se limitent à cela, mais à tout ce qui est
mauvais pour la Cité.
On peut aller loin comme ça. Prenons le cas Cambadélis, qui
stigmatise les populations immigrés de France : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/nauseabonde-sortie-stigmatisante-128415
Nous n'avons pas entendu la horde d'association anti-... Et
pourtant ses propos sont tout aussi stigmatisant et à dénoncer.
J’émets tout de même une réserve sur l'utilisation de ce
type d'exemple, hors contexte lorsqu'il y a eu citation, et de ne pas en faire
une généralisation.
La Gazette du Militant: D’après vous, comment la Droite peut-elle s’emparer de tels
sujets sans entrer dans la caricature frontiste tant pointée du doigt par la
Gauche ?
Mahmoud Tall: La droite se doit de parler des vrais sujets préoccupants
nos concitoyens tels l'intégration, l''emploi, la santé, l'éducation, les
classes moyennes... En somme, tout ce dont l'actuel Gouvernement en place ne
parle pas, au détriment de faits sociétaux qui ont certes leur place au débat,
mais n'est pas une priorité (le mariage pour tous avec les mesures de PMA et
GPA ; le droit de vote des étrangers extra-communautaires...).
Il n'y a pas de sujets pour la gauche ou pour la droite.
Pour reprendre la maxime de Raymond Aaron « qu'on soit de gauche ou qu'on
soit de droite, on est toujours hémiplégique. »
Il y a des préoccupations plus importantes et
qui touchent directement la vie quotidienne des Français, qui souffrent de la
politique de la « petite phrase », sans actions concrètes et
palpables.
Et ce Gouvernement Ayrault est dans l'inaction totale en
nous imposant (sans jeu de mots...) des sujets et des thématiques dont les
Français se préoccupent peu.
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