Dès le début de notre entretien, Denis Tillinac ne fait pas
mystère de ses opinions. Pour lui, l’implosion de l’UMP – qu’il n’a jamais vu
d’un bon œil en nostalgique de l’époque RPR-UDF- serait «la meilleure
nouvelle » qu’il puisse arriver à la droite. «Ce qui ouvre la voie au FN
c’est une espèce de centre mou, il faut un parti vraiment à droite sur les flux
migratoires, l’assistanat, l’ordre moral, contre le multiculturalisme. Avec une
droite orléaniste et une autre bonapartiste, le FN ne sera plus à 20% »
jure t-il. Posant son regard sur le vote si contesté du 18 novembre, il
constate que le vote Fillon s’est structuré autour « de la posture
présidentielle » de l’ancien Premier ministre quand celle de son rival
Jean-François Copé s’est construite sur une ligne politique « très à
droite ».
A l’évocation de la tragi-comédie qui nous occupe depuis le
18 novembre, Denis Tillinac s’en dit persuadé : « Nicolas Sarkozy,
même si son intervention dans la bataille Copé/Fillon ne l’arrange pas en terme
de calendrier, peut apparaître comme le troisième homme en vue de 2017 ».
Une chose est sûre, insiste –t-il : «si Jean-François Copé ou François
Fillon étaient dotés d’une forte légitimité dans leur propre camp, la bascule
vers l’un ou l’autre se serait opérée bien plus rapidement ». Témoin des «grandes haines » de la droite ces trente
dernières années, dont la terrible guerre fratricide Chirac/Balladur entre 1993
et 1995, notre grand témoin ne semble pourtant pas catastrophé, convoquant
l’histoire politique récente et le congrès de Reims pour le Parti socialiste.
«En 2008, le PS a vidé toute sa haine, participant d’une forme de catharsis. La
seule différence avec l’UMP d’aujourd’hui, c’est qu’ils –les socialistes- ne la
montraient pas aux média. Pourtant, c’était d’une violence inouie en coulisses».
Homme de lettres, Denis Tillinac sait la vie politique
française romanesque, propice à « enterrer » des destins que d’autres
portaient au Pinacle en moins de temps qu’il n’en fallait pour écrire un tweet.
Aussi, il pose un regard averti, parfois malicieux, sur celles et ceux qui
pourraient connaître un avenir radieux. «Si je devais faire de la politique, je
prendrais, côté Copé, Christian Jacob rouage essentiel, homme de réseaux
efficace. Côté Fillon, nul doute que son directeur de campagne Eric Ciotti, pierre
angulaire de l’équipe Fillon ou Jérôme Chartier figurent parmi les principaux
bénéficiaires ». Quand on lui demande quels pourraient être les
«vainqueurs » de cette période en eaux troubles, il pense que Nathalie
Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand ou Bruno Le Maire ont la capacité de surnager,
à la faveur d’une exposition minimaliste ces dernières semaines. Avec
« pourquoi pas » une option pour NKM en vue de la bataille de Paris
en 2014.
Ainsi va la vie politique à droite sous le regard toujours
très pertinent de Denis Tillinac. Il sait les temps difficiles et pourtant
conserve dans le regard et ses paroles un optimisme contagieux. Les prochains
épisodes de l’UMP nous donneront certainement l’occasion d’interroger sa
perspicacité. Quant à savoir si l’écrivain qu’il est aurait pu imaginer un tel
scénario…..
Denis Tillinac est l'auteur de "Considérations Inactuelles" aux éditions Plon et signe régulièrement des billets d'humeur pour l'hebdomadaire Valeurs Actuelles.
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