Enquêtes et Reconquêtes

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vendredi 16 novembre 2012

Cible: dans la tête de...

François Fillon et Jean-François Copé
On dit souvent que la vie politique française est un roman. Chacun s’y expose par le biais de son caractère, de ses joies, de ses peines, de ses qualités, de ses défauts. A quelques jours du choix du président de l’UMP, la Gazette du Militant a interrogé Jean-Pierre Friedman, psychanalyste et auteur de « Du pouvoir et des hommes » et « Du pouvoir et des femmes » aux Editions Michalon. Fort de son expérience de psy, il nous fait découvrir un  Jean-François Copé et un François Fillon sur le divan… Entre calculs rénaux et sciatique, l’ex Premier ministre somatise-t-il ? Jusqu’où les ambitions de Jean-François Copé le poussent-elles ? Le psy nous livre son analyse.


Docteur en psychologie et psychotérapeute, Jean-Pierre Friedman , fin connaisseur et observateur de la vie politique, évoque tout d’abord avec nous son expérience d’enseignant à l’ENA : «Une expérience révélatrice de la nécessité toujours plus grande d’adosser à une formation généraliste une connaissance approfondie du terrain ». Quant au rapport de l’homme politique au pouvoir, notre interlocuteur est très clair : «Arriver au sommet du pouvoir nécessite de focaliser sa propre libido à l’aune de ce but ».

Lorsqu’on évoque avec lui le caractère des deux candidats à la présidence de l’UMP, il nous livre son analyse et sa perception du cheminement des deux protagonistes. Pour Jean-Pierre Friedman, François Fillon s’inscrit en digne héritier de ses deux mentors Joel Le Theule et Philippe Séguin «connus pour leur désintéressement ». Selon lui, l’ancien Premier ministre, qui a capitalisé lors de son passage à Matignon, sur son «flegme » et sa «rigueur morale» est partagé entre « son ambition évidente de vouloir diriger et son refus de ce que cela suppose en terme de compromissions». Car, selon notre interlocuteur, il apparaît «évident » qu’une victoire à l’élection du 18 novembre «obligerait » en quelque sorte le député de Paris à «endosser » le rôle de candidat à la présidence de la République en 2017.  François Fillon serait donc aux prises entre le « je veux » et le « je ne veux pas », participant d’une «contradiction interne» pouvant être à l’origine de certains maux physiques.  D’ailleurs, convient t-il, les récents soucis de santé de l’ancien Premier ministre, même peu graves, peuvent jeter un trouble dans l’inconscient des gens. « La période actuelle est insécurisante, le peuple a besoin de certitudes. La santé du Chef en fait naturellement partie».

Des certitudes, Jean-François Copé en a toujours eu au sujet de son ambition présidentielle, note Jean-Pierre Friedman. Aussi, selon lui, l’actuel secrétaire général de l’UMP n’a pas «l’ambiguité» constatée chez François Fillon. «Il n’est pas pris d’une contradiction interne et cela, François Fillon le sent ». Aussi, Jean-Pierre Friedman estime que le parcours politique du député-maire de Meaux, focalisé sur un but ultime – devenir un jour président de la République –, peut apparaître comme un élément «rassurant » pour l’opinion publique. «Notre époque cumule les menaces diverses et, un responsable politique qui met en place une stratégie avec un but à atteindre et des moyens ambitieux pour y arriver peut convaincre de son aptitude à vaincre les menaces auxquelles peut être confrontée une Nation». C’est l’histoire du «chef de la tribu primitive » que nous relate Jean-Pierre Friedman. Peut prétendre à ce rôle celui «qui montre sa force et qui, installe l’idée qu’il saura nous protéger car il a éliminé toutes les menaces autour de lui».

Deux parcours, deux personnalités, deux psychologies. Les dés sont jetés.


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